• Un conte sur les oiseaux migrateurs

    Un conte sur les oiseaux migrateurs

    Yolanda et Albert étaient deux petites oies sauvages aussi gentilles l'une que l'autre. L'année précédente, elles étaient sorties de leur œuf  à quelques jours d'intervalle, et comme leurs parents nichaient près du même lac, elles ne s'étaient plus quittées.

     

    Leur premier printemps fut absolument merveilleux : tous deux avaient appris à nager sur les eaux du lac, c'était tellement délicieux de patauger dans l'eau fraîche et claire, d'observer les poissons, de jouer entre les roseaux ! Les deux amis avaient aussi appris à voler, d'abord maladroitement, puis de façon de plus en plus assurée.

     

    L'été qui suivit fut tout autant agréable : ils volaient ensemble de longues heures au-dessus des forêts vertes et fraîches, des prairies fleuries, des prés où broutaient les animaux. Ils faisaient la sieste à l'ombre des hautes herbes près du lac, visitaient de petits étangs voisins...

     

    Mais durant l'automne, les jours ne furent pas si beaux. La nature peu à peu changea : les arbres prirent des couleurs flamboyantes avant de perdre leurs feuilles, le soleil se cachait plus souvent, des pluies froides les obligeaient à rester blottis près de leurs parents... Le vent se gonfla de grosses bourrasques qui les faisaient chavirer dans les airs.

     

    Et lorsque l'hiver survint, ce fut vraiment affreux : la neige recouvrit tout, cachant les graines et les herbes qu'ils auraient pu manger. La faim les tenaillait, le froid glacial les pétrifiait, le vent les faisait souffrir... Les jours succédaient aux jours, plus affreux les uns que les autres. Plus d'une fois, Yolanda et Albert crurent mourir ! Mais leurs parents les serraient contre eux pour les  protéger du froid et de la neige, ils leur abandonnaient les minuscules morceaux de nourriture difficilement trouvés... 

     

    Heureusement, le printemps revint, et la vie reprit son cours. Mais la colonie d'oies sauvages n'était plus aussi insouciante que l'année précédente. Yolanda et Albert reprirent leurs promenades sur le lac, leurs vols au-dessus des forêts, mais ils assistaient aussi à de longs conciliabules entre les oies adultes. Toutes semblaient graves...

     

    Un soir, alors que l'automne revenait, les parents de Yolanda lui expliquèrent qu'après de longues discussions, la colonie avait décidé de se déplacer vers le sud, dans un pays où le froid n'existait pas : la vie y serait plus belle ! Alors commença le voyage le plus long jamais entrepris par les oiseaux : ils volaient des jours entiers avant de se poser quelques heures sur un lac ou un étang afin de se reposer et de trouver de quoi se nourrir. C'était très dur pour les petites oies, mais Albert et Yolanda volaient côte-à-côte et s'encourageaient l'un l'autre lorsque leurs ailes se faisaient lourdes. 

     

    Un soir, alors qu'ils avaient volé plus longtemps encore que les jours précédents, leurs efforts furent récompensés : leurs parents leur annoncèrent qu'ils étaient arrivés dans leur nouveau lieu de vie. Albert était bien trop fatigué pour s'en réjouir, et il s'endormit sur le champ. Mais le lendemain matin, quelle surprise il eut en ouvrant les yeux !

     

    Sous ses yeux ébahis s'épanouissaient des fleurs aux couleurs éclatantes et aux parfums enivrants, des arbres exotiques qu'il n'avait jamais vus, et les eaux près desquelles les oies avaient pris place étaient d'un bleu turquoise... Yolanda le rejoint et ils partirent tous les deux à la découverte du royaume du soleil : que de joies en perspective ! Leur automne se passa ainsi, de surprise en surprise et de découverte en découverte. Quant à l'hiver, il n'aurait pu être plus beau : les températures étaient douces, il n'y avait ni neige ni pluie glacée, l'eau regorgeait toujours de nourriture, et le vent tiède les portait délicieusement dans les  airs... Quelle chance ils avaient d'être ici, loin des terres froides du Nord !

     

    Le printemps revint à son tour. Yolanda et Albert étaient des oies adultes maintenant, et ils devraient bientôt trouver un partenaire pour la vie, afin de fonder une famille, avoir de petits oisons... Ils passaient de plus en plus de temps ensemble, et il semblait que rien ne pourrait jamais les séparer ! Leur amitié se transformait en un bel amour, qui grandissait de jour en jour. Mais tous deux souffraient d'une grande timidité qui les empêchait d'avouer leurs sentiments véritables. Alors ils se contentaient de profiter du jour présent aux côtés de leur âme sœur... C'est donc ensemble qu'ils virent le soleil briller de plus en plus haut dans le ciel, de plus en plus fort... L'hiver avait été agréable avec ses températures douces, le printemps fut un paradis avec des températures chaudes à toute heure du jour et de la nuit !

     

    Seulement, l'été vint lui aussi... Et avec lui, la chaleur devint torride. Le soleil semblait ne jamais vouloir se coucher, et même les nuits, la chaleur devenait insupportable ! Les oies étaient accablées par ces températures qui ne baissaient pas, et chercher leur nourriture devenait de plus en plus difficile lorsque bouger sous la chaleur accablante était déjà un supplice. Même les eaux du lac ne les rafraîchissait plus. Au contraire, sous l'effet de la chaleur, elles étaient devenues vaseuses... L'été dans le Sud fut aussi difficile à vivre que l'hiver dans le Nord.

     

    Alors certaines oies sauvages commencèrent à parler d'un retour vers le Nord, afin d'échapper aux chaleurs torrides. Les autres ne voulaient pas en entendre parler : revivre un hiver glacial ? Jamais ! Au bout de quelques jours, la colonie était divisée en deux clans opposés : les uns voulaient retourner vivre dans le Nord, les autres tenaient à rester dans le Sud. 

     

    Malheureusement, les parents de Yolanda faisaient partie des premiers, et les parents d'Albert des seconds... Alors lorsque les deux clans décidèrent finalement de se séparer pour fonder deux colonies distinctes, qui s'installeraient où elles le souhaitaient, Yolanda suivit sa famille pour le long vol du retour vers le Nord, tandis qu'Albert restait avec les siens près du lac du Sud.

     

    Quel déchirement pour les deux jeunes oies ! Mais elles ne pouvaient se résoudre à quitter leurs parents, leurs frères et sœurs, leurs oncles et tantes... La veille du départ des partisans du retour vers le Nord, Albert et Yolanda se retrouvèrent seuls près d'une petite mare à quelques minutes de vol de leur lac. Là, ils osèrent enfin s'avouer leur amour... Mais quelle tristesse de savoir que l'autre les aimait aussi, puisque c'était pour se quitter à jamais ! Ah, pourquoi ne pouvait-il exister un endroit merveilleux, où l'hiver était doux et l'été agréable ? Un été comme dans le Nord, et un hiver comme dans le Sud ? Petit-à-petit, une idée germa dans leurs esprits. Une idée qui devait leur permettre de rester ensemble malgré tout... Tout excités, ils s'envolèrent à tire d'aile pour revenir auprès des autres oies sauvages : le plus dur restait à faire !

     

    Aussi ne perdirent-ils pas de temps et, chacun de son côté, commença à parler à son clan. Ce ne fut pas facile, et nos deux oies ne se permirent même pas de fermer  l'œil de la nuit, pour convaincre le plus d'oies possible. 

     

    Et le lendemain, au moment où le grand envol était prévu, on vit nombre d'oies hésiter, se demander que faire, tourner en rond... Après tout, Albert et  Yolanda n'avaient-ils pas raison ? Pourquoi devaient-elles vraiment choisir entre le froid glacial et l'été torride ?

     

    Finalement, après bien des discussions, toutes les oies sauvages de la colonie originelle reprirent leur place sur les bords du lac. Non pas qu'elles aient choisi de rester toujours dans le Sud, mais parce qu'elles avaient adopté la solution originale proposée par Albert et Yolanda : vivre l'hiver dans le Sud, et l'été dans le Nord... Faire deux migrations dans l'année, qu'était-ce après tout, comparé aux souffrances de climats trop durs ?

     

    Albert et Yolanda exultaient : ils allaient pouvoir passer le reste de leur vie ensemble, sans plus jamais se quitter ! Ils fondèrent d'ailleurs une jolie famille et eurent beaucoup d'oisons, tous plus mignons les uns que les autres...

     

    Et c'est depuis ce jour, et grâce à l'ingéniosité de deux oies amoureuses, que les oies sauvages s'envolent en automne pour profiter d'un hiver clément dans le Sud, et qu'elles reprennent le chemin de leur migration vers le Nord, le printemps venu, pour vivre un doux été...

    Un conte sur les oiseaux migrateurs

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  • Commentaires

    2
    Vendredi 23 Mai 2014 à 05:11

    Bonsoir Dominique,

    Je suis passée pour te remercier de ta visite sur mon Blog.

    J'ai regardé le tien, rapidement car il se fait tard chez moi.

    Je ne suis pas très en forme depuis trois semaines alors,

    je ne peux demeurer longtemps devant mon ordinateur.

    Ton écrit susmentionné est très intéressant.

    Au plaisir de nous reparler sous peu.

    1
    Vendredi 23 Mai 2014 à 01:43

    Un très beau récit , bonne nuit .

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